PROCHAINE BROCANTE le DIMANCHE 19 MARS 2023 .
voir la rubique "Actualités" du menu, thème "Brocantes".
Lire la suite >> RENSEIGNEMENTS BROCANTE
Les COFFRETS ANCIENS, BOITES ANCIENNES et nécessaires du XIX ème par Brice MARTIN - Antiquaire.
LES ORIGINES
Les coffrets font partie des objets que l'homme a utilisés depuis l'antiquité.
Ils sont la déclinaison miniature des coffres : premiers meubles de rangement, des coffres forts : meubles destinés à la sécurité des biens précieux et des malles : coffres de voyages.
Dès l'antiquité et au moyen âge, les coffrets sont des objets utilisés par les puissants, rois, princes, seigneurs, aristocrates, haut fonctionnaires, notables, et grands commerçants pour des objets précieux, la monnaie, les documents, les bijoux ...... mais aussi par l'église pour la conservation et le transport des reliques ou des trésors, boites aux saintes huiles, boites pour livres de prières, reliquaires, Châsses, pyxides pour les hosties (Le terme pyxide provient du grec pyxis et désigne un coffret).
a)USAGES ET CARACTERISTIQUES
Les premiers coffrets sont de véritables petits coffres ou l'on renferme des objets précieux, de la monnaie, des documents, des bijoux, des reliques, de l'encens, des épices ...... tout ce qui est de petit volume, précieux, de valeur, et que l'on souhaite conserver à l'abri du vol, des regards, de la curiosité , ou simplement pour les protéger de l'usure ou de l'altération dans un lieu fixe ou pour les transporter facilement lors d'un déplacement.
http://www.musee-moyenage.fr/index.html
Il peut aussi déjà s'agir de coffrets « nécessaires de voyage » permettant de transporter aisément des objets usuels mais indispensables comme les toilettes des femmes, parfums, onguents, flacons et ustensiles divers.... A l'image de ce coffret en bois de sycomore et vases à onguent et à parfum en albâtre et en faïence issu de la
Tombe de Kha, Deir el-Medineh - Nouvel Empire, que l'on peut voir au Musée égyptien de Turin.
b) Les formes et les matières
Ces coffrets anciens sont généralement réalisés dans des matériaux résistants ; bois et métal ou uniquement métal munis d'une ou plusieurs poignées, et accompagnés de systèmes de sécurité et de serrures efficaces et parfois complexes à l'image des coffres.
Ils peuvent êtres aussi réalisés dans des matériaux précieux et rares qui servent plus à valoriser le contenu qu'à le protéger.
Pour leur fabrication, ils sont soit issus des métiers les plus prestigieux comme ceux de l'ébénisterie : bois exotiques massifs sculptés ou plaqués, de l'orfèvrerie : métaux précieux, repoussés, ciselés, gravé, bronze, gemmes, pierres dures, de la tabletterie : ivoires, os, nacre, émail, bois précieux, incrustés, sculptés, gainés de cuirs et velours, peints ou de la ferronnerie : fer forgé, riveté, ciselé et gravé.
Ces différents modes de fabrications sont souvent mélangés et utilisés en commun pour les modèles les plus complexes.
Les technique de fabrications et de décoration relèvent plus de l'artisanat de prestige et de qualité que de l'intervention de grands artistes.
Ils peuvent êtres de facture très simple, sobre et seulement utilitaire ou ornés plus ou moins richement.
Les formes sont déjà variées mais assez limitées, du simple parallélépipède élémentaire rappelant le coffre équipés d'un couvercle amovible sur charnière ou libre, à la forme de maison ou de cercueil de certains reliquaires mais surtout des châsses ou de forme cylindriques comme les pyxides.
Les modèles en bronze doré ou en métaux précieux de l'époque romane et du moyen âge, décorés d'émaux polychromes champlevés, sont caractéristiques des productions françaises de Limoge.
© MNAC - Museu Nacional d'Art de Catalunya
C'est en particulier pour l'utilisation sacrée et liturgique, que le coffret est parfois orné de façon somptueuse, à l'image de ce coffret reliquaire découvert dans le trésor de la cathédrale de Moûtiers en Tarentaise (Savoie) datant de 1200 environs, réalisé en Cristal de roche enchâssé dans une monture en argent doré, orné de filigrane, de gemmes de perles, et d'ivoire. (Dimensions : L. 14,8 ; H. 11,3 ; prof. 9,7 cm) conservé à Paris au Musée de Cluny
« Par cette parure, les orfèvres expriment quelque chose qui a trait au nouveau culte des Rois Mages. Ces Rois venus d'Orient sont les premiers, après les bergers de Bethléem, à rendre hommage à l'Enfant Jésus (Evangile selon saint Matthieu 2, 11), en déposant à ses pieds de l'or, de la myrrhe et de l'encens. Selon la tradition, l'or symboliserait la royauté, l'encens, le sacerdoce, la myrrhe, le sacrifice. Autrefois, les récipients qui contenaient ces offrandes étaient figurés sous forme de simples coupes (ciboire) (mosaïque de Ravenne). A partir du XIIIe siècle, probablement en raison d'une nouvelle dévotion, ils prennent l'aspect des vases participant au rituel de la messe ou des somptueux reliquaires versés dans le Trésor des églises. Ainsi les pyxides, ou les boîtes en forme de tourelle signalent l'offrande de la myrrhe et de l'encens, tandis que les coffrets sont associés à la présentation de l'or. On sait la fortune de ce thème dans l'art occidental. C'est probablement ce que cherche à signifier cette petite boîte enchâssée dans une monture sans grand rapport avec sa taille mais qui, ainsi, évoque les Rois Mages, leur splendeur et qui, peut être, contenait quelque chose en relation avec l'Epiphanie. » http://www.qantara-med.org
Le coffret ancien est un objet précieux réservé à de rares utilisateurs fortunés, un objet prestigieux utilisé pour la liturgie et pour des occasions particulières, processions, voyages, conservations de trésors, même dans ses fonctions les plus simples et utilitaires, comme les coffrets de messagers, ou les nécessaires de voyage.
Il en résulte pour les siècles suivants une image d'objet prestigieux et rare.
2)-LES COFFRETS BOITES ET NECESSAIRES DE LA RENAISSANCE AU XVIIIE SIECLE
a)USAGES ET CARACTERISTIQUES
L'utilisation des origines se perpétue sous la Renaissance et les siècles suivants avec les coffrets, châsses et autres boites précieuses d'usages religieux, les coffrets divers et nécessaires civils et privés.
Seules les matières, les techniques de fabrication et les décorations changent au grés des évolutions technologiques des découvertes , voyages et des modes. La « clientèle » reste sensiblement la même, les plus fortunés et les gens de pouvoir à quelques nuances et exceptions près.
Les écritoires se répandent pour les fonctionnaires, notaires, les premiers assureurs au début du XVIIIè et simplement les voyageurs, les boites à perruques, les coffrets à mouches (grains de beautés artificiels), les coffrets professionnels de médecins, chirurgiens, dentistes, changeurs de monnaie, les coffrets à jeux , trictrac , échecs, jeux de cartes, boites à tabac, coffrets à thé à chocolat......
b) Des objets de commande
La clientèle de « cour » de plus en plus nombreuse et de plus en plus riche, à la recherche d'objets sophistiqués pour son confort et le respect de son rang , va générer en Europe, le phénomène des objets de commande ou objets personnalisés , sur mesure.
L'intervention d'artisans et même d'artistes réputés va amener une dimension propre à satisfaire l'ego de cette clientèle qui veut se distinguer a tout prix et commence à être sensible aux courants de mode.
Les coffrets vont ainsi se multiplier au XVII ème et XVIIIème siècle, pour commencer a séduire la clientèle bourgeoise ascendante parfois assez fortunée pour égaler voire dépasser certaines fortunes aristocratiques. La production de série n'existe cependant pas encore.
Quelques coffrets font partie de l'art populaire et concernent les couches sociales les plus modestes, il s'agit de certains coffrets de mariage ou « coffrets de courtoisie » réalisés par des artisans locaux ou par des membres des familles des mariés elles mêmes. Ils sont parfois richement ornés mais par des matières modestes, souvent sculptés ou simplement peints de façon plus ou moins naïve.
c) Les formes et les matières
Les formes galbées et complexes, les moulures à doucines apparaissent avec l'évolution des nouvelles techniques d'ébénisterie, les matières nouvelles de la tabletterie issues des « Indes » des « îles »et autres grands voyages, comme l'écaille de tortue , l'ébène , le palissandre, l'acajou ornent de plus en plus de boites, nécessaires et coffrets. La marqueterie complexe de bois de rose et violette et la marqueterie « boulle » composée d'écaille de tortue et de laiton finement découpés se développent au XVII et XVIIIème ainsi que la marqueterie de paille. Le bois peint, le bois gainé de cuir décoré de motifs de dorures au fer, les boites en bois laqué venues d'orient apparaissent et se répandent en Europe. Certains modèles de coffrets très raffinés sont agrémentés, particulièrement au XVIIIème siècle, de miniatures peintes sur ivoire ou plus rarement sur porcelaine enchâssées dans l'ébénisterie. Le bronze doré au mercure, la laque, la faïence décorée, puis la porcelaine, le galuchat, font leur apparition.
Les coffrets reposent souvent sur de petits pieds en pattes de lions ou sabots ou en fleurs et feuillages.
L'ornementation factice à l'imitation de l'ancien fait son apparition comme, les riches pentures en fer forgé ou en laiton , clouées sur chaque face de l'objet , qui à la différence des coffrets en bois non sculptés du début de l'époque gothique ne sont plus destinées à assurer l'assemblage et le maintien des différentes parties entre elles (fond, côtés et couvercle), mais ont un rôle purement décoratif.
Les nécessaires de voyage très personnalisés et complexes se développent au XVIIIème , comme ces charmants « petits déjeuners » en porcelaine finement décorés savamment rangés dans des coffrets garnis de velours précieux souvent recouverts de cuir décoré de dorures au fer, aux armoiries de leurs propriétaires , coffrets à bijoux, ou nécessaires de toilette traités avec autant de luxe.
Durant cette période, le coffret demeure un objet précieux, cher et donc plutôt rare réservés a une certaine élite.
3)-LES COFFRETS BOITES ET NECESSAIRES DU XIXE SIECLE
coffret à lettres époque Napoléon III
a) Une mode - & les raisons du développement
La révolution est passée par là, les bouleversements sociaux et la crise économique qui suivent vont changer la donne en ce qui concerne la clientèle habituelle des coffrets.
Les plus aisés pourront toujours accéder aux objets uniques luxueux, de commandes spéciales.
Parallèlement et tout au long du XIXème , la révolution technologique, le développement de l'industrie, l'organisation du travail, l'apparition de la production de demi-série, le développement du commerce et de la distribution comme les grands magasins, et les transports modernes, mettent à présent ces objets à la portée des revenus moyens . Les productions sont soignées, mais plus modestes, des demi-séries où la part du travail manuel reste importante et déterminante.
Le XIXème marque un développement considérable de la fabrication et la diffusion des coffrets et boites précieuses diverses.
Dès le Premier Empire, la bourgeoisie, classe montante du XIXème soucieuse de son « standing », s'est emparée de cet objet à l'origine destiné aux classes dominantes.
Les bourgeois aisés bien que souvent républicains, veulent affirmer leur réussite et cherchent à ressembler aux nobles de l'ancien régime, dans leur mode de vie , confortable et luxueux : les appartements sont vastes et richement décorés, même si les moulures et sculptures des boiseries massives sont remplacées par du stuc, les rideaux et la passementerie par des tissages industriels, de nombreux petits meubles ornés de bronze doré fabriqués au faubourg st Antoine, un piano trône au salon, sur la cheminée une pendule dorée à motif de bronze et de marbre et mouvement industriel de Japy ou Vincenti, de la vaisselle en faïence fine et en porcelaine, des lustres en cristal, un coffret à bijoux, ...... tous ces produits qui auparavant étaient réservés aux princes sont désormais accessibles dans une version à peine plus modeste grâce aux progrès de l'industrie et des technologies, des nouvelles pratiques de production et de transport.
b) Les objets de demi-série : une industrie en plein essor
Les nouvelles techniques mécaniques du sciage du bois (machines à vapeur) permettent de réaliser rapidement des placages très fins et des marqueteries très complexes parfaites d'aspect, des coupes d'une précision et d'une régularité jusque là inconnue , les serrures miniaturisées, les clefs, ainsi que les charnières sont fabriquées en grand nombre dans des usines spécialisées, les métaux moulés dans des alliages plus sophistiqués, les vernis organiques (vernis à l'alcool au tampon) se généralisent pour un fini parfait de la surface des bois, alors qu'auparavant seul le polissage fastidieux et la cire donnaient le brillant des surfaces, la feuille d'or est plus fine et régulière sur le stuc quasi généralisé, la dorure ou l'argenture des métaux par électrolyse (inventé en 1827) simplifie une opération jusque là complexe et dangereuse, les systèmes d'assemblages sont simplifiés, vis et clous industriels, tenons mortaises et queues d'arondes très fines et réalisées en un tournemain , les garnitures en papiers décorés mécaniquement ou en tissus aux motifs et fils très riches tissés sur des métiers modernes..... la finition de ces objets est excellente , régulière et flatteuse grâce aux nouveaux outils mécaniques plus précis.
Les porcelaines extrêmement rares au XVIIIème siècle sont désormais accessibles, les bois exotiques et produits lointains plus abondants avec le développement des transports modernes, bateaux à vapeur, trains, routes améliorées.....
Les grandes expositions de l'industrie et les expositions universelles qui se tiennent à Paris à intervalles réguliers à partir de 1798 permettent aux fabricants des différents secteurs de l'industrie et de l'artisanat d'y présenter leurs produits pendant plusieurs semaines. Ces expositions sont organisées tout au long du XIXe siècle et jusque dans le premier tiers du XXe siècle. De 1798 à 1849, onze expositions nationales ont lieu à Paris : 1798, 1801, 1802, 1806, 1819, 1823, 1827, 1834, 1844 et 1849. Ce sont uniquement des produits nationaux qui y sont présentés, alors qu'à partir de 1851, les exposants sont à même de se mesurer aux industriels et fabricants étrangers, puisque les expositions deviennent universelles ou internationales. La première d'entre elles se tient en 1851 à Londres.
Un article paru le 29 décembre 1855 dans l'Illustration cite à propos de l'exposition universelle, et des coffrets qui y sont présentés : « Pour les coffrets et les nécessaires, si l'on ne voit dans ces objets que le côté purement plastique et la main-d'œuvre plus ou moins élégante et intelligente, Paris n'a pas de rivaux........nos fabricants emploient moins de matières précieuses, logent moins de pièces et d'ustensiles, et garnissent moins minutieusement leurs nécessaires ; mais ils les vendent moins cher, exécutent plus finement, et au point de vue de la gravure et de la sculpture, rendent comme on dit des points à tout l'univers industriel. MM. AUDOT, AUCOC, SORMANI, MIDOCQ, BERTHE, PERET, et surtout M. TAHAN n'ont rien dans leurs vitrines qui pâlisse pour nous devant les richesses de Londres...... ».
Un autre article paru dans l'Illustration le 20 décembre 1851 à propos de l'exposition universelle de Londres et de Tahan : « boites à ouvrage, boites à cigares, ....boites à jeux, à gants, mouchoirs...... caves à liqueurs...est la minime partie d'une énumération à laquelle ne suffirait pas tout un numéro supplémentaire de l'Illustration. Ce qui recommande aussi le magasin de Mr Tahan, situé sur le boulevard, au coin de la rue de la Paix, c'est un assortiment de nécessaires de voyages, capables de satisfaire à toutes les facultés, depuis les plus riches jusqu'aux plus modestes.... »
Les tabletiers et les ébénistes sus cités dans « l'Illustration » suivent ce mouvement de modernisation et créent des structures semi-industrielles , modernisent leurs outils pour produire de grandes quantités et offrir au plus grand nombre des objets de qualité.
La maison DIEHL, active dès 1853 à Paris rue St Sébastien et jusqu'en 1885 employait en 1870, six cent ouvriers.... Pour l'Exposition de 1878, le jury note que « ces petits coffrets, ces boites à jeu et à gants représentent une industrie de grande importance à la tête de laquelle la maison DIEHL s'est placée... »
Cette facilité de fabrication, la baisse des prix qui s'ensuit, amène les structures de distributions nouvelles que sont les grands magasins à diffuser ces nouveaux produits.
Vus dans les expositions, plus largement accessibles et diffusés, les coffrets, boites et nécessaires deviennent à la mode. On les offre en cadeau pour de nombreuses occasions.
c) Les objets de commande :
L'objet de commande demeure au XIXème, et il est a noter que de nos jours encore la demande existe.
Sous le premier empire, la maison BIENNAIS illustre parfaitement l'artisanat d'excellence qui se perpétue et permet à la légende de se prolonger.
Ce sont toujours des objets de luxe, réalisés dans les matériaux les plus précieux et par des artistes réputés, de véritables objets d'art qui répondent aux caprices de leurs commanditaires.....dans le cas de BIENNAIS il s'agit de la famille Impériale.
Martin guillaume BIENNAIS , orfèvre et tabletier né sous l'ancien régime en 1764 , a été reçu maître en 1788 à Paris.
Médaille d'or à l'exposition des produits de l'industrie de 1806, il était très réputé pour la fabrication de nécessaires de voyages garnis d'orfèvrerie, très vite adoptés par l'empereur Napoléon Ier et la famille Impériale.
Plus tard d'autres maisons prestigieuses répondent aux commandes spéciales, comme TAHAN la plus célèbre déjà citée, GIROUX Alphonse, GROHE Guillaume, VERVELLE Alexandre, ANNEE Théodore, SORMANI Paul, DIEHL Charles, ...... AUDOT, AUCOC.....
Dans un article de L'illustration du 08 septembre 1855, il est dit à propos d'Alphonse Giroux : « A . Giroux expose un coffret à bijoux dont les bandes d'acier poli encadrent dans leurs ogives évidées à jours, les chevaliers de charlemagne et les preux de la table ronde en s'enlevant sur un fond d'or bruni émaillé d'ornements couleur bleu azur , à côté brille un coffret en Bronze doré au mat, qu'aurait envié Louis XIV, pour confier aux cachettes intérieures qui y sont aussi habillement pratiquées que dissimulées, les secrets de sa correspondance amoureuse ou les pièces importantes de sa haute politique.... »
Sur la majorité des modèles issus de ces maisons, une estampille est gravée à la main sur le champ de la serrure, avec le nom du fabriquant, l'adresse, et souvent la mention « fournisseur du Roi, ..de l'Empereur... »
Aujourd'hui ces signatures sont très recherchées et entraînent une sur-côte aux coffrets qui les portent.
Ces maisons qui produisent des coffrets semi - industriels sont capables de répondre aux demandes les plus exigeantes et les plus personnalisées, car la main d'œuvre et le savoir faire artisanal est encore très présent.
De belles pièces uniques ou de petite série sont réalisées au XIXè siècle et peut être plus encore que les siècles passés en raison des progrès techniques déjà cités, des nouvelles matières en jeu et surtout de la diversité des goûts et des courants.
d) USAGES ET CARACTERISTIQUES
Coffrets boites et nécessaires se sont démocratisés, et se vendent dans la catégorie des « articles de Paris », avec un nombre d'applications et d'usages infinis, surtout à partir de la période romantique.
Les nécessaires de voyages et professionnels , les écritoires et nécessaires de bureau, les coffrets d'aquarelliste, des nouveautés comme ; coffrets et caves à cigares, caves à liqueurs (particulièrement à la mode sous le second Empire), coffrets musicaux ou « à musique », coffrets à jeu, à jetons, à cartes, coffrets à odeurs, à bijoux, à couture , ouvrage ou tapisserie, les incontournables et très nombreuses boites à gants, les coffrets porte montre, à thé, à café, chocolats, sucres, à ceintures, les grands coffrets à châles ou indiennes, à lettres, ........souvenirs ....l'imagination des créateurs d' « articles de Paris » est sans limite.
On peut citer les multiples coffrets d'importation, prisés par les Anglais et adoptés par les français généralement de productions chinoises, en bois laqués noirs ornées d'or à décors de « scènes de palais », coffrets à thé garnis de bacs en étain et os, boites à ouvrages garnies d'une multitude d'accessoires en os ou en ivoire sculpté, coffrets à jeux ..... les coffrets japonais étant plus sobres et plus raffinés, à décors de symboles géométriques, animaliers ou d'inspiration végétale. Ces coffrets ont inspiré nombres de réalisations Françaises en bois laqué ou en carton bouillis ou "papier maché" de la fin du XIXème à l'image des productions de Pont à Mousson.
e) Les formes et les matières
Au XIXème, de cette nostalgie du passé, il résulte que tous les Styles historiques sont représentés, du néo classicisme du premier empire, au néo gothique de la restauration, jusqu'à l'éclectisme le plus large du second Empire.
Faute d'avoir un style réel et défini, les styles d'inspiration sont revisités ou copiés et souvent mélangés, louis XIII, louis XIV, louis XV, louis XVI, renaissance ou «Henry II » sous la troisième république.
La décoration des coffrets suit parfaitement cette évolution des arts décoratifs du XIXème, elle est d'une variété infinie.
Sous le Premier Empire (1804-1815) les modèles sont très souvent en acajou, érable, plaqué ou massif les lignes sont simples les angles vifs, sans marqueterie à l'exception d'incrustations discrètes de filets de laiton ou autre métal précieux, d'amarante, ou d'ébène. Il s'agit le plus souvent de coffrets d'ébénisterie.
Les entrées de serrures sous la forme la plus répandue d'un écusson et les angles sont souvent incrustés de laiton, le couvercle muni d'un motif central de forme simple en laiton ou en nacre, outre son aspect décoratif ce motif était prévu pour éventuellement recevoir un monogramme gravé. Des poignées en laiton sont disposées sur les côtés en saillies ou escamotables. Les écritoires et nécessaires d'officiers sont fréquents et utilisent ces codes décoratifs.
Seuls les modèles de commande sont de forme octogonale, ovale .... chargés de décors à la mode, palmettes, rosaces, rinceaux, décors à l'antique, des pieds à pattes de lion en bronze doré, des poignées en mufle de lions dorés......comme certains modèles de nécessaires de BIENNAIS.
Epoque Romantique :
Sous la Restauration (1815-1830) et en particulier Charles X , la préférence va au essences de bois clair , sans que cette tendance majoritaire soit systématique, comme l'érable sycomore, l'érable moucheté , le platane, la loupe d'orme, le citronnier, les incrustations et marqueteries réalisées en bois foncés comme le palissandre, l'acajou, le bois de violette, accompagnées d'ivoire, de nacre et de laiton. Les modèles en placage majoritaire foncés comme le palissandre ou l'acajou ne sont pas exclus comme on le pense trop souvent.
Des cloutages et inscriptions réalisées à l'aide de petits clous de fer ou de laiton ornent de petits coffrets, une petite poignée ou anneau en fer ou en laiton est fixée au centre du couvercle.
Les entrées de serrures sont souvent décorées d'un simple losange, carré, ou rond de bois, nacre, ou ivoire plus rarement en métal, incrusté.
De nombreux coffrets sont aussi réalisés dans une matière à la mode sous la restauration, l'opaline, en général celle ci est montée sur un châssis métallique en or, argent, bronze ou laiton.
D'autres, plus simples sont réalisés en verre transparent assemblé par des papiers et cartons colorés ou par une monture métalique, garnis de velours ou de soie à l'intérieur et souvent décorés par des gravures sur le couvercle ou les côtés, agrémentés de quelques éléments dorés. Des modèles similaires apparaissent dèjà à la fin du XVIIIè.
Les formes demeurent simples et à angles vifs à l'exception des modèles de coffres de mariage et leurs déclinaisons à doucines, galbes et arbalètes. Certains modèles néogothiques de style troubadour, très à la mode, aux décors chargés dits "à la cathédrale", comme ceux agrémentés de pentures métalliques décoratives, apparaissent en contraste avec la sobriété ambiante.
photo M.Beck-Coppola
Les garnitures intérieures sont le plus souvent sobres, papier peint blanc, crème ou vert clair, bleu clair...rose, caractéristique, soie claire décorée de croisillons de rubans cloutés, bois clair vernis. Les nécessaires ont des étages compartimentés garnis de velours rouges, de soie, de broderies, de rubans et d'incrustations de nacre.
Sous Louis Philippe (1831-1848) les coffrets sont identiques mais la tendance des placages s'inverse : les incrustations et marqueteries sont claires sur fond sombre , acajou ou palissandre.
C'est aussi sous Louis Philippe que d'autres styles émergent : contrairement à ce que l'on croit, le style « Boulle » copie des réalisations du XVIIème et début XVIIIème existe déjà sous Louis Philippe et non sous Napoléon III comme en attestent de nombreux modèles datés. Placage d'ébène ou poirier noirci incrusté de motifs de laiton et d'écaille de tortue parfois d'ivoire et de nacre.
Les modèles en placage et frisage de bois de rose et ou de violette se fabriquent toujours.
A l'époque romantique une mode veut que l'usage de chaque coffret et boite soit noté sur le couvercle en incrustation le plus souvent en caractères gothiques ; Gants, Filets, Mouchoirs, Thé, Odeurs, .....les utilisations sont nombreuses, et certaines inscriptions sont personnalisées au nom du propriétaire.
Le couvercle des coffrets s'ouvrent par des charnières en laiton, des compas de soutient en laiton font leur apparition alors qu'auparavant ce rôle était rempli par des rubans.
Les intérieurs peuvent présenter des compartiment secrets, les garnitures sont en soie capitonnée, velours, bois verni ou simplement doublés de papier coloré uni ou illustré.
Sous Napoléon III (1848-1870) et la Troisième République, éclectisme et « historicisme » s'installent dans les arts décoratifs Français pour durer jusqu'à la fin du siècle avec l'arrivée de nouveaux codes comme ceux de « L'art Nouveau » et plus tard au début du XXème siècle « L'art Déco ».
Une couleur domine sans pour autant être exclusive: le noir .
Il sera difficile de parler de caractéristiques de l'époque, tant la variété des goûts est grande.
Formes sobres classiques, pastiches du XVIIème et du XVIIIème siècle, aux décors et lignes exagérés, pastiches et copies du moyen-âge et de la renaissance ; La ligne directrice est mélange et variété. Les formes galbées et mouvementées sont fréquentes.
Les matières sont identiques aux précédentes périodes, mais viennent s'ajouter en ébénisterie, les loupes; de thuya, noyer, amboine, les ronces, bien sûr le poirier noirci très répandu ou l'ébène pour les plus riches, la marqueterie « Boulle » revisitée, l'utilisation du carton bouillis et de la nacre comme pour les fabrications de Pont à Mousson.
La vogue et la pratique des marqueterie de style « Boulle » va quand même amener un élément caractéristique des productions de cette période ; Un « motif central »complexe, incrusté sur les couvercles, réalisé en laiton ou autre métal gravé, parfois en argent ou doré, incrusté de loupe, de bois de rose, d'écaille de tortue, de nacre..... Ce motif important se trouve centré, entouré de placage de bois unis et encadré de filets de diverses matières. Il peut être monogrammé, armorié et daté.
Les marqueteries outre le style « Boulle » spectaculaire, peuvent être complexes, souvent frisées, en aile de papillon, cubes, à motifs géométrique rappelant le « damas », de quadrillages incrustés d'ivoire (ou de celluloïd) de corne teintée et de nacre.
L'utilisation du celluloïd, ancêtre de la matière plastique, inventé en 1856, a permis de réaliser des incrustations colorées, de remplacer fréquemment l'écaille de tortue, ou l'ivoire.
La corne traitée et teintée à aussi été utilisée pour imiter l'écaille de tortue ou d'autres matières.
L'utilisation du bronze ciselé doré est très répandue pour la structure et les décors, le métal basse fusion alliage d'étain doré ou argenté à l'électrolyse, permet des réalisations spectaculaires et moins chères.
Les garnitures de porcelaine, plaques peintes ou biscuits, les panneaux de pierres dures, de marbre noir de Belgique incrusté et marquetés de pierres dures colorées à l'imitation de la renaissance italienne, les plaques de faïence, de tôle émaillée de limoge, sont incrustées ou associées à l'ébénisterie ou montées sur des structures métalliques.
Certains coffrets ont toutes leurs faces ou simplement le couvercle garnis de vitres biseautées parfois gravées ; caves à liqueur ou coffrets à bijoux.
D'autre sont gainés de cuir, recouverts de plaques de nacre ou d'ivoire cloutées, de boutons de nacre sertis, mais aussi de décors peints de motifs de scènes galantes, ou de bouquets de fleurs colorées sur fond noir. Certains coffrets et boites d'art populaire sont en bois fruitier découpé, très ajourés.
Les garnitures sont variées et plus riches, capitons de soie, de satin moirés, galons, velours...ou les intérieurs soigneusement vernis et ornés de filets.
f) Le siècle des coffrets,
On a souvent entendu que le XIXème siècle est ennuyeux et que sa production artistique et décorative est inexistante et de mauvais goût. Outre la subjectivité d'un tel jugement, la réalité est plus complexe. Les bouleversements sociaux de la révolution et les évolutions techniques considérables sont passées au premier plan, ne laissant que peu de place à la pure création artistique, autorisant quasiment un siècle durant de revisiter le passé pour profiter des progrès techniques nouveaux. L'apparition de la Photographie n'a t elle pas bouleversé les arts figuratifs ?
Les arts décoratifs de ce siècle et les coffrets qui en font partie, on suivi cette révolution, et il en résulte des créations d'une immense variété et d'un foisonnement jusque là inconnus. Le XIXème siècle est incontestablement « le siècle des coffrets et des boites », un mélange heureux de la tradition et de la modernité.
Sources, Bibliographie, Articles :
- « Boites Romantiques Nécessaires et autres jolis riens »,- Jérome COIGNARD- Collection Jeanine NESSI -
Edition Le Passage. 2007.
- « La Tabletterie au XIX ème » . France Antiquités Magazine - N°179 -Janvier 2006 .
- Antiquité Brocante N° 62 - mars 2003 « les boites »
- Métiers d'Art - « La Tabletterie » N° 54 / 55 décembre 1994, mars 1995.
- « Les Arts Décoratifs Français » Edition de La Martinière - Stafford CLIFF 1999.
Le musée des Arts décoratifs de Paris: www.lesartsdecoratifs.fr
ANTIQUAIRE-MARSEILLE Le Quartier des antiquaires à Marseille ANTIQUAIRES MARSEILLE
Antiquaire à Marseille centre ville Antiquaire et brocanteur Marseille .
Recherche par critères
Les COFFRETS ANCIENS, BOITES ANCIENNES et nécessaires du XIX ème par Lire la suite >>
la prochaine brocante aura lieue le DIMANCHE 19 MARS 2023 au QUARTIER DES ANTIQUAIRES.